Peut-il se passer plus de quelques mois sans qu’une institution ou un élu de la République se sente obligé d’accueillir, congratuler et décorer un criminel notoire ? Apparemment non. Le mois dernier, un appel de personnalités et d’ONG de défense des droits humains publié dans L’Humanité (15/06) dénonçait la remise d’une médaille d’or du Sénat par le sénateur LR Christian Cambon, président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat à Mahmoud Archane. Ancien commissaire de police sous Hassan II, « cet individu s’était funestement illustré dès le début des années soixante pendant les interrogatoires menés au centre clandestin de torture de sinistre mémoire "Derb Moulay Cherif" » où étaient enfermés les opposants politiques, dénonce l’appel. « Le groupe d’amitié France-Maroc a récompensé monsieur Archane pour son engagement en tant que parlementaire au sein du groupe d’amitié France-Maroc et le groupe d’amitié France-Maroc, pas plus que le Sénat, n’est juge ni du passé, ni de l’histoire, ni des contentieux qui ont pu naître au sein du territoire marocain », se défend Cambon (RFI, 18/06). C’est vrai que si on devait s’arrêter à toutes les petites querelles provoquées par les criminels contre l’humanité que nos services ont soutenus, les occasions de manger des petits fours se feraient plus rares...