Trois associations gabonaises ont contesté devant le tribunal administratif de Paris la garantie que l’État français a accordé à un prêt consenti par l’Agence française de développement (AFD) au Gabon le 11 juin dernier, au motif que ce dernier « n’a pas pour objet réel de […] concourir au développement du pays », mais vise à « maintenir en place le gouvernement d’Ali Bongo Ondimba » (Jeuneafrique.com, 04/09).
Interrogé par Le Monde (18/09), le directeur général de l’AFD, Rémy Rioux assure du contraire : l’AFD « veut assurer la stabilité macroéconomique du pays (...) pour éviter que les populations ne soient touchées plus durement encore ». Et à ceux qui l’accusent de collaborer avec des régimes autoritaires qui répriment leurs oppositions, il se réclame de Péguy : « Ils ont les mains pures mais ils n’ont pas de mains. » Et de donner des gages sur la réalisation des projets financés par l’AFD à l’heure où les autorités françaises ont promis une forte hausse de l’aide française : « Nous devons être transparents et rendre des comptes ».
Manifestement, c’est mal parti : comme l’explique le journaliste Emmanuel Freudenthal sur son compte Twitter (10/09) l’AFD a en effet refusé de lui communiquer des documents relatifs à un prêt de 46 millions d’euros récemment accordé au Cameroun pour la rénovation de l’aéroport de Douala. Pire : la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) a validé ce refus de transparence de l’AFD au motif que cette dernière est une « institution financière spécialisée », c’est-à-dire une banque, quand bien même une partie des fonds qu’elle gère sont d’origine publique...
RT @EmmanuelFreuden
La commission d'accès aux documents administratifs, vient de valider le refus de l'@AFD_France de communiquer à un journaliste les docs sur un prêt récent de 46 millions d'€ au #Cameroun, car elle est une banque. Cela fera jurisprudence, argent public ou pas pic.twitter.com/pEpHsNWktv— Survie (@Survie) 10 septembre 2018