Aucun ministre français ne sera donc jugé dans l’affaire du mystérieux bombardement du camp français à Bouaké en Côte d’Ivoire en 2004 (AFP, 23/05). Ainsi en a décidé discrètement la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR). On se souvient que la dernière juge d’instruction en charge du dossier avait, dans une ordonnance de février 2016, dénoncé une « concertation à un haut niveau de l’État » pour empêcher l’arrestation et le jugement des mercenaires responsables de ce bombardement qui avait fait 9 victimes parmi les militaires français. Elle demandait donc le renvoi devant la CJR des ministres en exercices au moment des faits : Michèle Alliot-Marie (Défense), mais aussi Dominique de Villepin (Intérieur) et Michel Barnier (Affaires étrangères). Le vice-procureur lui avait peu après donné raison (cf. Billets n°279, été 2018). Mais fin janvier 2019, le nouveau procureur général près la Cour de cassation, François Molins avait fait savoir à l’AFP 23/05 qu’il estimait que « les éléments constitutifs de l’infraction ne sont pas là ». Toutefois, « par souci d’impartialité », Molins avait décidé de saisir la commission des requêtes de cette haute cour, afin qu’elle se prononce à son tour (Mediapart, 04/03/2019). Défense de voir dans cette prise de position publique inhabituelle une volonté d’influencer la décision de ladite commission, de la part de celui qui fut… directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie de 2009 à 2011. La CJR confirme ainsi son rôle de blanchisserie pour la classe politique française…