Le chef rebelle Mahamat Nouri et deux autres Tchadiens ont été interpellés le 17 juin dans le cadre d’une enquête ouverte en France depuis 2017 par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH). Ils sont soupçonnés d’avoir diligenté des opérations de recrutements forcés de combattants, dont des enfants soldats, au Tchad et dans la province frontalière soudanaise du Darfour, entre décembre 2005 et juillet 2010. En février 2008, Mahamat Nouri avait notamment conduit l’offensive des rébellions tchadiennes qui avait été repoussée dans la capitale avec l’aide des forces françaises. On ne pourrait que se satisfaire de la volonté de la justice française de lutter contre l’impunité en matière de recrutement d’enfants soldats, si celle-ci ne semblait à géométrie si variable... Pour la même période en effet, de nombreux rapports d’ONG comme de l’ONU documentent la présence d’enfants soldats dans les troupes d’Idriss Déby. Cette situation avait même donné lieu à un courrier de protestation de la ministre de la Défense de l’époque, Michèle Alliot-Marie. D’où les soupçons d’instrumentalisation de la justice françaises pour complaire à Idriss Déby. Mahamat Nour Ibedou, le président de l’une des ligues tchadienne des droits de l’homme s’est ainsi dit « profondément atterré par la vague d’arrestations injustifiées et arbitraires opérées par les autorités françaises dans le milieu de l’opposition en exil en France ». (Rfi.fr, 17/06)