Survie

Vive la guerre

rédigé le 29 mai 2019 (mis en ligne le 29 février 2020) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Le ministère de la Défense vient de pu­blier son rapport annuel sur les exportations d’armes, qui ont atteint 9,1 milliards d’euros en 2018, soit 30 % de plus qu’en 2017. La ministre des Armées, Florence Parly, se féli­cite dans l’introduction de ce montant, « un des meilleurs chiffres de ces 20 dernières années  », comme du fait que « 25% de nos exportations d’armement ont été à desti­nation de nos partenaires européens, contre une moyenne de seulement 10% les années précédentes  ». Mais pour L’Observa­toire des armements (Obsarm), le rapport 2018 confirme surtout les « craintes les plus vives » que l’on pouvait avoir : «  Les contrats et les livraisons avec des pays accusés de crimes de guerre (Arabie saoudite) ou de répression contre leur population (Egypte) atteignent des montants très élevés. (...) Les prises de commandes avec le Qatar (...) at­teignent aussi un niveau stratosphérique, commente Tony Fortin, chargé d’études à l’Obsarm. Avec de tels transferts (...) on ne peut s’attendre qu’à l’aggravation de conflits au Yémen ou sur la Corne de l’Afrique, zone où commencent à se redéployer les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, en parte­nariat avec la France . » (Reuters, 04/06) Dans une tribune au Monde (29/05) Tony Fortin et Laetitia Sedou, chargée de programme pour le Ré­seau européen contre le commerce des armes (ENAAT), s’alarment éga­lement de ce que le Fonds de dé­fense (« pour financer la recherche et développement (R&D) militaire, en d’autres mots pour la fabrication de nou­velles armes avec le budget communau­taire... ») voté par le précédent Parlement européen pour un montant de 13 milliards d’euros laisse les exportations d’armes «  sans aucun contrôle commun sur leur future exportation ». « En dérogation aux règles habituellement en vigueur pour les programmes de financement, expliquent-­ils, le Parlement européen n’aura aucun droit de regard sur l’utilisation précise de ces 13 milliards pendant sept ans (...) Si les financements sont européens, le contrôle restera national et les États membres pourront poursuivre leurs exportations d’armes comme ils l’entendent, y compris vers les régimes autoritaires et pays en guerre. Par exemple, la conception du drone français Patroller de Safran ­ dont les premiers clients sont l’Égypte et les Émi­rats arabes unis ­ a pu être financée par l’action préparatoire de ces fonds euro­péens... sans que quiconque n’élève la voix ou oppose un veto. »

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 287 - juin 2019
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