Tous les dirigeants politiques et militaires français et africains en conviennent désormais : il n’y aura pas de solution au problème du djihadisme en Afrique tant que le terreau social et politique sur lequel il prospère n’aura pas été traité. En clair, tant qu’une jeunesse révoltée par la corruption des élites n’aura d’autre avenir que de croupir dans la misère... Mais force est de constater qu’il ne s’agit que de belles paroles et que les vraies priorités n’ont guère changé. Le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, vient ainsi de mobiliser « pas moins de 450 milliards de francs CFA (687 millions d’euros), soit l’équivalent de près d’un quart du budget de l’État en 2019 » en infrastructures de prestige (nouvel aéroport, nouvelles routes, nouveaux hôtels de luxe) uniquement pour accueillir un sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) le 4 juillet dernier (Mediapart, 04/07). Selon le gouvernement, 80 % des dépenses rentraient dans le cadre de partenariats public-privé (PPP), le reste étant à la charge de l’État. Et c’est ce même sommet qui a entériné la création d’une zone de libre-échange continentale (ZLEC) qui profitera d’abord aux plus grandes entreprises africaines et aux filiales des multinationales étrangères, au détriment des activités qui contribuent à l’autosuffisance, notamment alimentaire, des populations. Les insurrections djihadistes ont de beaux jours devant elles...