Survie

Les Burkinabè piqués aux OGM

rédigé le 7 juillet 2019 (mis en ligne le 10 janvier 2020) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Au Burkina Faso, le régime de Blaise
Compaoré avait ouvert grand les portes du
pays à Monsanto, qui y avait développé un
coton OGM de façon commerciale dès 2008
(cf. Billets n°204, juillet­-août 2011). Après
l’insurrection populaire qui renversa le ré­gime fin 2014, le pays abandonna ce coton
transgénique en 2016, pour des raisons
économiques : non seulement il contribuait
à ruiner davantage les cotonculteurs, mais il
faisait surtout perdre de l’argent aux puis­santes sociétés cotonnières, qui mirent fin à
cette première expérimentation géante
d’Afrique de l’Ouest (cf. Billets n°255, mars
2016). Mais les Burkinabè ne sont pas dé­barrassés des OGM, loin s’en faut : outre
des expérimentations sur d’autres cultures,
vivrières notamment (comme le haricot
niébé, via des financements de la Fondation
Bill et Melida Gates), le pays vient de passer
à l’étape supérieure dans un programme de
lutte contre le paludisme consistant à lâ­cher des moustiques mâles transgéniques
stériles, pour qu’ils réduisent la population
totale de l’espèce de moustique res­ponsable de la propagation du parasite responsable de 27 000 morts par an au Burkina
(Le Monde, 7/07). C’est encore une phase
de test, mais grandeur nature : des milliers
de moustiques (rendus fluorescents pour
les reconnaître !) ont été lâchés. Peu
importe que cette réponse technologique
soit vouée, dans le meilleur des cas, à être
renouvelée régulièrement pour contenir
artificiellement la population de mousti­ques, qui prolifèrent là où la misère et le
manque d’infrastructures sanitaires offrent
des eaux croupies : c’est autant de béné­fices futurs. Alors que lutter contre les
causes sociales ne rapporterait rien.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 288 - juillet aout 2019
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