La banque BNP Paribas faisait déjà l’objet d’une plainte pour complicité de génocide, pour avoir financé l’achat d’armes par le régime génocidaire Rwandais en juin 1994. C’est maintenant neuf victimes soudanaises, soutenues par la FIDH et Project Expedite Justice qui viennent de déposer plainte pour complicité de torture, de crimes contre l’humanité, de génocide, blanchiment et recel. Poursuivie aux États unis pour avoir traité avec le Soudan en violation de sanctions américaines, BNP Paribas a en effet admis, dans une procédure de plaider-coupable, avoir agi en tant que banque étrangère des autorités soudanaises entre 2002 à 2008 et avoir permis plusieurs milliards de dollars de transactions financières. Les dépenses militaires avaient notamment explosé à cette époque où les autorités de Khartoum, appuyées par les milices Janjawids, multipliaient les exactions contre les populations civiles, en particulier au Darfour. Aux États-Unis la procédure a abouti à une amende record de 8,9 milliards de dollars en juillet 2014. Mais, explique la FIDH, les victimes soudanaises n’avaient « finalement rien reçu au titre de réparations car le Congrès américain a alloué le produit de cette somme aux victimes d’attentats terroristes sur le sol américain ». La plainte actuelle constitue donc « la première tentative de voir reconnaître la BNPP, et plusieurs de ses dirigeants d’alors, comme pénalement responsables de complicité de crimes internationaux commis au Soudan » et d’obtenir réparation pour des victimes.