Survie

Greenwashing pour dictateur

rédigé le 1er octobre 2019 (mis en ligne le 21 janvier 2020) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Cela devient décidément une habitude
pour la diplomatie française d’utiliser la cause
climatique, notamment à l’occasion des COP,
pour redorer le blason des dictateurs
françafricains avec lesquelles elle souhaite
resserrer les liens. Début septembre, c’est le
despote Denis Sassou­Nguesso qui était reçu
par Emmanuel Macron pour parler climat et
bassin forestier du Congo, entre autres. Une
rencontre qui n’a pas été annoncée sur l’agenda
de l’Élysée et pour laquelle l’ONG Greenpeace,
auteure en 2017 d’un rapport sur la destruction
des forêts congolaise par l’industrie du bois,
n’a étrangement pas été invitée. « Pour la
France, Denis Sassou­-Nguesso est de ces amis
utiles en coulisses mais qu’on préfère garder
loin des projecteurs
 », commente Le Monde
(04/09) « Sans en faire la publicité, Paris a
insisté pour que l’entrevue organisée mardi
coïncide avec l’annonce d’un accord de 65
millions de dollars pour la protection des
forêts congolaises (...) dans le cadre de
l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale
(CAFI). (...) La France, qui exerce la
présidence de la CAFI jusqu’à la fin de
l’année, a demandé à accélérer l’agenda,
pour la plus grande satisfaction du maître
de Brazzaville, qui aime à se présenter comme
soucieux d’environnement et de
développement durable.
 » Dans la foulée le
ministre de l’Agriculture du Congo annonçait
un grand open bar sur les terres agricoles dans
les colonnes du magazine Jeune Afrique
(« Henri Djombo : "Nos terres sont là,
disponibles" », 03/09) ; lequel magazine parle
d’un Congo « à la pointe des questions de
développement durable
 ». Coïncidence ? Le
directeur de la rédaction, François Soudan,
est marié avec Arlette Soudan­-Nonault, membre
du bureau politique du parti au pouvoir et
ministre de l’environnement de son pays...
Par ailleurs, le Congo a récemment annoncé
la découverte d’un nouveau gisement pétrolier
onshore qui pourrait faire quadrupler la
production nationale, et dont pourrait
bénéficier l’entreprise Total, qui est déjà à la
fête dans le pays. Avec tous ces protecteurs
de l’environnement, les forêts congolaises
n’ont qu’à bien se tenir...

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 290 - octobre 2019
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