La révolution burkinabè qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir n’a manifestement pas balayé toutes les scories du passé. Ainsi, deux envoyés spéciaux du Monde (16/09) rapportent : « Le président Kaboré impose sur des contrats d’armement deux de ses "amis" comme intermédiaires avec Poly Group [conglomérat militaro-industriel public chinois]. Qu’importe leur réputation douteuse et leurs méthodes n’excluant pas l’intimidation. L’un d’eux, le franco-italien "Bob" Alzon, pense même impressionner en se présentant comme un ancien mercenaire proche du Français défunt Bob Denard. La nouvelle relation Chine-Burkina Faso est une opportunité inespérée pour ces acteurs interlopes, disposés à nouer des pactes corruptifs et à user de la menace pour préserver leurs intérêts. Le chef de l’Etat burkinabé les utilise et les protège, quitte à prendre le risque de freiner la coopération militaire : les Chinois préfèrent les relations avec les officiels, plus rassurantes. M. Kaboré se rend régulièrement dans la villa huppée de son "ami", l’autre intermédiaire, qu’il protège et favorise, fermant les yeux sur les pratiques obscures de ce dernier. Se profile ainsi l’autre visage d’un président présenté par ses partenaires occidentaux comme une icône de la démocratie. Ses fréquentations inavouables sont un sujet tabou. »