En avril dernier, le président français Emmanuel Macron a lancé une Commission d’enquête pour étudier les archives françaises sur le rôle de Paris au Rwanda entre 1990 et 1994. La création de cette commission est en soi une avancée. La liste définitive des membres vient d’être publiée : certains de ces chercheurs sont reconnus et pourront vouloir aller jusqu’au bout. Mais auront-ils le temps de consulter les milliers d’archives concernées ? L’historienne Annette Wievorka, ne s’en sentant pas capable, a démissionné. D’autant que, comme elle, tous les membres sont en fait spécialistes d’autres sujets : les uns de la Shoah ou du génocide des Arméniens, certains travaillent sur des domaines dont l’intérêt est moins apparent ; mais aucun sur le génocide des Tutsis lui-même, ni sur le rôle qu’y a joué la France. Et pourquoi la présence parmi eux d’un politique de l’époque de Mitterrand ? Par ailleurs, tandis que François Hollande a promis d’ouvrir l’ensemble des archives françaises à tous les chercheurs, Macron autorise un accès restreint aux seuls chercheurs de la commission. Auront-ils réellement accès à toutes les archives ? Notamment aux documents classés « secret-défense » actuellement non accessibles aux juges qui enquêtent sur les responsabilités françaises dans le génocide : documents dont le contenu expliquerait peut-être que la promesse de Hollande n’a pas été tenue ?