Le 24 décembre dernier, le journaliste béninois Ignace Sossou était condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir simplement relayé, sur les réseaux sociaux, des propos du procureur de la République du Bénin, à l’occasion d’un forum sur les fake news organisé par Canal France international (CFI), l’agence française de développement média en grande partie financée par le Quai d’Orsay. « Ignace Sossou, qui avait déjà été condamné à un mois de prison avec sursis en août 2019 pour "publication de fausses nouvelles" après avoir révélé une affaire d’évasion fiscale visant des hommes d’affaires béninois et français via des comptes offshore » (LeMonde.fr, 27/01), rendait cette fois publiques les critiques du procureur à l’encontre des restrictions de liberté en matière de numérique. C’en était trop pour le ministère béninois de la Justice, qui a utilisé à l’audience un courrier dans lequel CFI enfonce Ignace Sossou et s’excuse qu’un journaliste ait osé faire son travail de manière irrévérencieuse : « Nous sommes désolés qu’un journaliste peu scrupuleux ait profité de ce moment privilégié pour tenter de faire un buzz aux dépens de M. le procureur. (...) CFI se distancie évidemment de ses publications sur Facebook et de ce type de pratiques qui manquent à toute déontologie. » La déontologie de la brosse à reluire, bien entendu. Face au tollé provoqué lorsque la lettre a été rendue publique, et à la condamnation de diverses ONG dont Reporters sans frontières, CFI a été contraint de rétropédaler : « Nous regrettons autant les propos incomplets qui ont conduit à la situation juridique actuelle que la formulation maladroite d’une lettre dont la finalité a été dévoyée. » La finalité de CFI en revanche est parfaitement claire, et ce n’est pas la promotion du journalisme indépendant…