Indignation des sénateurs (mention spéciale pour la performance de Jean-Marc Todeschini, sénateur PS et ancien secrétaire d’État chargé des Anciens combattants, à voir sur le site du Sénat), condamnation officielle du Ministère des Armées, convocation de l’ambassadeur du Mali à Paris au ministère des Affaires étrangères avant son rappel au Mali, voyage en urgence du ministre malien des Affaires étrangères Tiébilé Dramé pour « pour apaiser la situation », « clarifications » exigées par le président du Sénat Gérard Larcher et le président de la commission des Affaires étrangères et de la défense, Christian Cambon… Mais que s’est-il passé le mercredi 26 février pour provoquer un tel enchaînement de réactions (peu) diplomatiques ? Les armées maliennes ont-elles accidentellement tiré sur les militaires français ? Pas du tout, il s’agit simplement de l’ambassadeur du Mali à Paris Toumani Djimé Diallo, qui a innocemment cru qu’on pouvait « parler franchement » devant la commission de défense du Sénat. Après avoir rappelé sa reconnaissance pour la présence militaire française au Mali, le diplomate a dénoncé le comportement de certains éléments de la Légion étrangère « dans les "Pigalle" de Bamako ». Et d’inviter son homologue tchadien à témoigner également sur « la Légion étrangère, qui a fait la bataille, avec des résultats clairs, mais [avec] parallèlement des débordements qui, lorsque la population les réalise, posent problème ». En guise de réfutation, les autorités militaires ont invoqué l’impossibilité matérielle pour la légion de se trouver à Bamako, ce qui doit pouvoir se vérifier sans trop de difficultés, mais aussi la tradition d’exemplarité de l’armée française (RFI, 27/02)... C’est de mieux en mieux : on ne prend même plus la peine d’annoncer une enquête interne bidon, comme on le faisait par le passé en ce genre de circonstance...