Un rapport publié le 18 février dernier par la Banque mondiale (BM) et intitulé « L’aide financière accaparée par les élites » conclut que « les versements d’aides vers les pays les plus dépendants coïncident avec une augmentation importante de transferts vers des centres financiers offshore connus pour leur opacité et leur gestion privée de fortune. » (LeMonde.fr, 21/02) La version initiale du rapport ne parlait pas de « coïncidence » ou de corrélation, mais de relation de cause à effet pour évoquer l’augmentation des transferts vers les paradis fiscaux à l’occasion des décaissements de la BM, avant d’être remaniée à la demande des dirigeants de l’institution. Cette censure aurait provoqué la démission de Penny Goldberg, économiste en chef, selon le journal britannique The Economist (13/02). Toujours selon le rapport, ce sont en moyenne 7,5 % de l’aide qui sont ainsi détournés. « L’estimation, précisent les chercheurs, ne tient compte que des transferts financiers et n’inclut pas les possibles dépenses immobilières ou en biens de luxe. » (RFI.fr, 21/02) Rappelons que l’« aide » de la Banque mondiale est constitué de prêts, qu’il faudra rembourser : exemple parfait de fabrication de « dette odieuse »... La Banque mondiale n’est certainement pas la seule concernée : le second volet d’un autre rapport, rédigé cette fois pour la chaire Sahel de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi) à Ouagadougou, créé à l’occasion du lancement de l’Alliance Sahel qui doit coordonner l’aide internationale à destination des pays du G5 Sahel, présente des résultats « stupéfiants », selon LeMonde.fr qui les commente (25/02). « Au Tchad par exemple, "seulement 18 % des versements de la Banque mondiale ressortent dans la base de données nationale, 27 % pour l’aide américaine, 37 % pour l’Union européenne et 60 % pour la France". Au Niger, si 99 % de l’aide européenne est bien tracée, 37 % des versements de la France n’apparaissent pas, 71 % de ceux de l’Allemagne, 94 % des Etats-Unis. Le Mali et, surtout, le Burkina Faso présentent en revanche un meilleur suivi de l’aide. »