La pandémie agit comme un révélateur d’inégalités. On le voit vis à vis des quartiers populaires, où des couvre-feu ont été décrétés dans plusieurs communes – y compris contre l’avis du Préfet de Seine Saint-Denis, qui estimait disposer déjà de textes « applicables, suffisants et bien appliqués » (BFM, 25/03). Si l’État dit n’avoir pas besoin de mesures d’exception supplémentaires, il ne faut sans doute pas s’en réjouir.
Le révélateur fonctionne aussi entre une « métropole » et des territoires ultra-marins privilégiés pour établir des couvre-feu (Polynésie, Guyane, Mayotte, Antilles) mais délaissés en termes d’infrastructures hospitalières. Fin mars, une médecin-régulatrice du SAMU à la Réunion disait craindre qu’en étant « tellement loin de tout, avec une telle pauvreté, précarité, promiscuité et avec des comorbidités si nombreuses, une population si souvent cruellement démunie, que nous pouvons nous attendre à des taux de mortalité plus élevés que ceux en métropole » (La 1ère, 25/03) ; dans le même temps, un député LR de Mayotte s’inquiétait que son île (arrachée au Comores en 1975 et devenue un département en 2012) soit « trois fois moins bien équipée que La Réunion par habitant » et la Cimade [1] sur le « drame humanitaire qui s’y joue dans la plus grande indifférence ». Et pour désengorger les hôpitaux, le transfert de patients vers d’autres régions n’est pas possible. Emmanuel Macron a décidé de dépêcher deux navires militaires, l’un dans l’océan Indien, l’autre vers la Guyane et les Antilles. Problème, « ces deux porte-hélicoptères ne seront pas utilisés comme des bateaux-hôpitaux », comme a dû le reconnaître le 1er avril la porte-parole du gouvernement [2]/. Selon une source militaire (AFP, 31/03), « il y a des tergiversations autour de la nature de la mission. (…) Si on n’a pas de toubibs et de respirateurs, on ne pourra pas faire grand-chose ». Enfin un propos clair.