Le continent africain passe pour être le plus délaissé par l’industrie pharmaceutique, sauf quand il s’agit d’y pratiquer des tests de médicaments sans s’encombrer de mesures de précaution (Le Monde Diplomatique, juin 2005), et où les infrastructures nationales de soin sont souvent dévastées. Le 1er avril, deux médecins français ont discuté sur LCI de l’opportunité de « tester en Afrique » l’effet sur la COVID19 d’un vaccin déjà connu et largement utilisé contre la tuberculose – notamment en Guyane et à Mayotte où il est encore obligatoire. Leurs propos ont profondément choqué et provoqué une telle indignation que même SOS Racisme et le Parti socialiste se sont engouffrés dans la brèche. L’extrait, qui pouvait laisser croire au test d’un traitement inconnu, reposait sur un étrange présupposé : de tous les groupes humains manquant de moyens de santé et de protection, pourquoi choisir « l’Afrique » ? L’épidémie est alors sur-développée en Europe et aux USA (où des gens continuent d’organiser des "covid parties" – des fêtes pour attraper le virus afin de développer une immunité – et où des personnes infectées sont obligées d’aller travailler et parfois de renoncer aux soins faute de couverture santé), des pays avec une population suffisamment exposée pour offrit un bon terrain. Cette discussion, rapidement diffusée sur les réseaux sociaux, montrait deux hommes privilégiés qui, du haut de leur position sociable, péroraient sur l’opportunité médicale d’avoir ainsi une population « à risque » du fait que des gens sont maintenus en position dominée depuis des siècles (notamment par leur propre pays, la France) au point de se retrouver potentiellement démunis en matériel de protection et de réanimation – au moins dans les pays françafricains. Et cette opportunité permettrait d’expérimenter sur eux, ces habitants de « l’Afrique », des choses qui pourraient sauver des vies… ailleurs, notamment en Europe et aux USA. Car si l’efficacité de ce vaccin était testée de manière concluante sur "les Africains", il y a fort à parier qu’il serait ensuite utilisé pour sauver des vies des patients les plus solvables pour l’industrie pharmaceutique. Si ces médecins voulaient tester la résistance au mépris de populations servant de cobayes dociles avant de se voir refuser l’accès à des traitements rendus inaccessibles par des brevets ensuite, c’est réussi.