Le 13 avril, le journaliste Denis Robert recevait l’enquêteur et « honorable correspondant » des services secrets Marc Eichinger, qui tentait alors en vain de faire publier un livre intitulé L’homme qui en savait beaucoup trop. Rappelons qu’Eichinger est l’un de ceux par qui le scandale de l’affaire Uramin est arrivé (cf. Billets d’Afrique n°245, avril 2015). En 2010, il avait été engagé par l’amiral d’Arbonneau, alors directeur de la sécurité d’Areva, pour enquêter sur l’achat d’Uramin qui lui paraissait, à juste titre, particulièrement suspect. Eichinger confirme que la transaction visait, avec l’aval des plus hautes autorités de l’État français, à dégager des fonds pour une gigantesque caisse noire afin d’obtenir par la corruption un hypothétique marché de construction d’EPR en Afrique du Sud. L’entretien mérite vraiment d’être écouté : il fournit non seulement un bon résumé de l’affaire Uramin, mais évoque également d’autres affaires liées à Areva (Uranium gates, Imouraren, Ausra…) ou à d’autres entreprises (Eramet, ADP...). Il confirme également l’extraordinaire tolérance de la classe politique française à l’égard des mécanismes de corruption et rappelle comment la justice est maintenue dans un état de quasi-impuissance. Ainsi par exemple, le Parquet national financier, créé sous Hollande après l’affaire Cahuzac, et dont les magistrats sont, comme beaucoup de leurs confrères, débordés par le nombre de dossiers à traiter, ne dispose que d’un budget de financement de 4 millions d’euros, soit 5 fois moins que son homologue roumain...