Alors qu’une commission mixte est censée plancher sur l’avenir des îles Éparses depuis novembre 2019, le blocage reste complet. Comment pourrait-il en être autrement ? Côté français, rien n’a changé depuis le « Ici, c’est la France, c’est notre fierté, notre richesse » de Macron en octobre de l’année dernière (cf. Billets n°292, décembre 219). Côté malgache, on tente toujours de faire valoir la résolution de l’ONU du 12 décembre 1979 qui contredit la position française. En décembre dernier, une consultation nationale a été organisée à Madagascar sur la question de la rétrocession. En février, le ministre des Affaires étrangères français annonçait une rallonge des fonds dégagés au titre de la coopération, dans le but évident d’amadouer les autorités malgaches. Apparemment en vain : dans une interview à France 24 et RFI du 11 mai dernier, le président Rajoelina se déclarait confiant dans la capacité de son pays à trouver « une solution rapide » pour « la restitution de ces îles à Madagascar ». « Hasard du calendrier ? », s’interroge Jeune Afrique (27/05), « le même jour, le ministère français de la Transition écologique a lancé une consultation publique portant sur un projet de décret relatif à la création de la "réserve naturelle nationale de l’archipel des Glorieuses" ». Ce projet de réserve naturelle avait été annoncé par Macron l’année dernière sous prétexte « d’éviter l’exploitation prédatrice des mers » (Cf. Billets n°291, novembre 2019). L’obstination néo-coloniale française n’a bien sûr rien à voir avec les « droits sur une vaste zone économique exclusive de 640 400 kilomètres carrés dans laquelle il y aurait d’importantes réserves d’hydrocarbures en eaux profondes », comme le rappelle Jeune Afrique. La riposte malgache n’a pas tardé : la présidente de l’Assemblée nationale a aussitôt annoncé qu’« un projet ou une proposition de loi est en gestation pour rattacher officiellement ces îles au territoire de Madagascar », tandis que des députés du camp présidentiel en appelaient « à une médiation de l’Union africaine et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans les négociations entre la France et Madagascar sur les Îles Éparses » (Rfi.fr, 21/05)