Alors qu’un rapport d’audit du ministère de la Défense nigérien révèle des détournements de fonds et surfacturations à hauteur de 110 millions d’euros entre 2014 et 2019, la députée française Frédérique Dumas (ex-LREM, et membre du groupe d’amitié France-Niger) a posé une question écrite à la ministre des Armées sur l’attitude de la France et les répercussions de cette affaire concernant la lutte contre le terrorisme menée au Sahel (Rfr.fr, 27/5). « Cela reste une affaire nigérienne même si l’on peut toujours trouver un lien avec notre pays à travers notre coopération militaire, explique-t-on au ministère des Armées » (L’opinion, 03/06) et aucun argent public français ne serait en jeu. Parmi les fournisseurs indélicats « Renault Trucks [aujourd’hui Arquus] arrive en troisième place, avec 25 milliards de francs CFA de contrats en 2017, dont 2,5 milliards non livrés (pièces de rechange non livrées et paiements non contractuels) » mais le nom de l’entreprise, ainsi que celui de Toyota, pourraient avoir été « usurpés par des sociétés nigériennes se faisant passer pour leurs représentantes à la signature des contrats », selon Mondafrique (25/05) qui a eu accès au rapport d’audit. Selon Marc Eichinger, ex-barbouze qui a notamment enquêté sur plusieurs scandales liés à Areva (Orano aujourd’hui), il y a pourtant « de potentiels circuits d’évasion reliés à la France ». Selon lui, « les affaires passées comme l’Uraniumgate [cf. Billets d’Afrique n°266, mars 2017] montrent que la filière offshore de détournement était bien organisée par des Français à partir de la Suisse. La France peut légitimement proposer une entraide judiciaire au Niger puisqu’elle l’aide militairement tous les jours. C’est notre intérêt commun. » (L’opinion, 03/06)