Survie

Mauvais cheval

rédigé le 11 juin 2020 (mis en ligne le 5 septembre 2020) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Patrick Haimzadeh (Orient XXI, 04/06) rappelle cette réplique aimable de Le Drian au « maréchal » Haftar qui, en mars 2019, s’inquiétait de ne pas le voir plus souvent : « On attendait vos victoires ! ». Depuis, la tentative de coup d’État contre Tripoli lancée en avril 2019, au nom d’une lutte contre le terrorisme soutenue par la France, a fait long feu. La fuite en avant du 27 avril dernier, quand Haftar s’autoproclamait chef d’État de tout le pays, n’y a rien changé. Fort du soutien militaire intéressé de la Turquie, le Gouvernement d’union nationale de Fayez Serraj a repris les villes que les troupes d’Haftar, appuyées par des mercenaires russes, avaient conquises. Les sponsors russes, égyptiens et émiratis du « maréchal » semblent désormais chercher un scénario de rechange et un nouveau cheval en la personne d’Aguila Saleh, président du Parlement basé à Tobrouk. Circonstances aggravantes, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) s’est dite « horrifiée » par la découverte d’au moins huit charniers dans les zones récemment désertées par les forces d’Haftar (LeMonde.fr, 11/06). Quant à la France, qui s’est toujours refusée à condamner l’offensive d’Haftar et n’a jamais cessé de le soutenir militairement en sous-main, notamment par la fourniture de renseignement, elle s’efforce de revenir dans le jeu diplomatique pour faire barrage aux intérêts turcs. Si l’on en croit Marc Endeweld dans La Tribune (28/5), Macron s’efforcerait de reprendre langue avec Sarraj, tandis que Le Drian ne se résoudrait pas à lâcher Haftar. On sait que notre ministre des Affaires étrangères est un grand sentimental, mais qu’il se console : il finira bien par trouver un autre apprenti dictateur. Au milieu de toutes ces manœuvres internationales, le peuple libyen reste en effet le grand oublié...

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