Survie

Circulez, y’a rien à savoir

rédigé le 23 juillet 2020 (mis en ligne le 28 juillet 2020) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Le 3 juillet, la cour d’appel de Paris a
confirmé la décision de non­-lieu rendue fin
2018 dans l’enquête sur l’attentat du 6 avril
1994 qui a tué les présidents Cyprien Nta­ryamira, du Burundi, et Juvénal Habyarima­
na, du Rwanda : attentat qui fut le signal
déclencheur du coup d’État mené par les
extrémistes hutus, ainsi que du génocide
des Tutsis. Cette décision intervient au
terme d’une enquête qui fut l’objet d’in­fluences, voire de manipulations qui vi­saient à accuser Paul Kagame (l’actuel
président rwandais) et le Front Patriotique
Rwandais d’être les commanditaires de l’at­tentat. L’enquête fut ouverte en 1998 suite à
la plainte des familles de l’équipage français
de l’avion et fut menée pendant 8 années
dans une seule direction par le juge Jean-Louis Bruguière. Il a systématiquement
cherché, via des témoins qui se rétractèrent
plus tard ou des enregistrements qui se ré­vélèrent faux, à démontrer la culpabilité de
Paul Kagamé. En dépit d’indices majeurs (cf. Billets n°283, janvier 2019), la piste des ex­trémistes hutus n’a pas été explorée de ma­nière approfondie, ni celle de leur principal
soutien : l’État français. La justice française,
encore une fois, détourne son regard des
possibles responsabilités de ses dirigeants
dans la préparation et le déclenchement du
dernier génocide du XXème siècle. Les fa­milles des victimes, parties civiles, se sont
pourvues en cassation. Le jugement de la
Cour de cassation, dont l’issue fait peu de
doute, rendra cette décision définitive.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 299 - juillet-août 2020
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