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rédigé le 11 octobre 2020 (mis en ligne le 4 janvier 2021) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Les ministres des Armées et des Affaires étrangères et le chef d’état-major l’ont répété : officiellement, la France n’a pas eu son mot à dire dans la négociation qui a conduit à la libération de l’otage française Sophie Petronin et du chef de l’opposition malienne Soumaïla Cissé, en échange d’une rançon évaluée à 10 millions d’euros et de la libération de 200 djihadistes (en réalité, quelques cadres djihadistes et des dizaines de personnes soupçonnées de collusion à des degrés très divers, mais pas nécessairement combattantes). La version rapportée aussi bien par Jeune Afrique (09/10), Mediapart (11/10) ou Le Point (12/10) diffère pourtant quelque peu. Les premières négociations auraient été initiées par l’ancien président malien IBK, dans le dos de la France mais aussi du patron des services de renseignements maliens, Moussa Diawara, visé par un rapport de l’ONU pour ses relations avec des narco-trafiquants. Quand ce dernier le découvre, il « est furieux. Il décide d’informer la DGSE française de la tentative secrète de Koulouba (...). La diplomatie française fait alors pression sur le chef de l’État pour que Sophie Pétronin soit incluse dans les négociations en vue d’une libération et pour changer l’équipe de négociation  », rapporte Jeune Afrique. « Pour la France, la libération de Cissé avant celle de Pétronin, qui est officiellement la dernière ressortissante française encore détenue en otage et dont le quatrième anniversaire de l’enlèvement approche, serait un camouflet. La diplomatie française va alors peser de tout son poids pour convaincre le pouvoir malien de lier les deux dossiers, de les confier à Ag Bibi [un autre intermédiaire, et donc de surseoir à la libération de « Soumi » [surnom de Cissé]. Le Premier ministre s’y oppose. Mais le président flanche. Tant pis pour Cissé, qui aurait pu être libéré dès le mois de juillet  », complète Mediapart. « Dès lors, les enchères grimpent. La somme réclamée est multipliée par quatre ou cinq. Et ce n’est plus 30 hommes dont le JNIM réclame la libération, mais plus de 200. En août, une liste de 204 noms est remise aux nouveaux médiateurs. Bamako accepte ces conditions. La France aussi. »

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 302 - novembre 2020
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