Survie

Présumé très très très innocent

rédigé le 19 novembre 2020 (mis en ligne le 4 janvier 2021) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Après des mises en examen pour « corruption », « recel de détournements de fonds publics » et « financement illicite de campagne électorale », c’est maintenant pour « association de malfaiteurs » que Nicolas Sarkozy a été mis en cause par la justice dans l’affaire des financements libyens. « Un ancien président mis en examen pour "association de malfaiteurs" : c’est une première dans l’histoire judiciaire française, a fortiori dans un dossier qui porte sur le soupçon de la corruption d’une démocratie, la nôtre, par une dictature, la Libye de Mouammar Kadhafi », commente Mediapart (21/10). La stratégie de défense de Sarkozy devant les juges consiste désormais à plaider l’ignorance et à se défausser sur ses anciens lieutenants qui auraient agi dans son dos. « Voir Senoussi [chef des services secrets militaires libyens qui voulait obtenir la levée des procédures judiciaires françaises contre lui dans l’affaire de l’attentat contre l’avion de ligne DC-10 d’UTA] est une erreur, se laisser conduire par Ziad Takieddine chez Abdallah Senoussi est une erreur. Senoussi est recherché par la justice internationale. On n’a pas de contact avec lui, c’est un criminel. C’est ma position », a ainsi répondu Sarkozy aux juges. «  C’est une faute pour l’un comme pour l’autre », affirme-t-il même concernant Guéant (son directeur de cabinet en 2005) et Hortefeux (son ministre délégué). Ces derniers gardent le silence… pour l’instant ?
On ne peut en dire autant de l’intermédiaire Ziad Takieddine, qui a plusieurs fois parlé des transferts financiers pour la campagne de 2007 : dans une étonnante interview diffusée début novembre, il a soudainement tenté de blanchir Nicolas Sarkozy, qui s’est aussitôt écrié que le dossier était désormais vide - ce qui ne semble pas être l’avis des juges. Et si cette confession spontanée de 32 secondes a été le scoop de Paris Match, media du groupe Lagardère où l’ancien président siège désormais au Conseil de surveillance, au moment même où Takieddine était mis sous pression par la justice libanaise grâce à l’intervention d’un avocat français encarté chez Les Républicains (Mediapart, 19/11), c’est un simple hasard.

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 302 - novembre 2020
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