Survie

Roman - Une rencontre : 
à la vie, à la mort

rédigé le 10 novembre 2020 (mis en ligne le 7 janvier 2021) - Odile Tobner
Joan Bastide, Que la terre nous soit légère ; Ed Mélanzé, 592 p., 14,90 euros https://melanze.world/


Ce roman imposant et foisonnant captive le lecteur et le tient en haleine sans faiblir au long de ses 600 pages. Le récit expose les destins parallèles d’un jeune Européen, employé d’ONG de développement, et d’un adolescent africain, depuis leur rencontre initiale jusqu’à leurs retrouvailles finales, après les mille péripéties de leurs parcours séparés. La toile de fond est l’Afrique sahélienne, avec ses misères sociales et ses tyrannies politiques, confrontée à l’interventionnisme de l’aide occidentale, entre bonne volonté et cynisme.
Le sujet, ambitieux, est traité d’une part sur le mode épique, avec des héros surhumains, qui traversent des épreuves terrifiantes dont ils triomphent, face à des ennemis monstrueux. Le merveilleux est présent dans la magie du don vocal du héros africain, Alioun, qui produit des miracles. Les aventures se succèdent dans un parcours semé d’embûches, mais aussi d’heureuses rencontres, vers un but quasi hors d’atteinte, fixé au départ sous le signe du surnaturel.
Le parcours d’Antoine, le jeune humanitaire, porte plutôt la marque du romanesque : trajet idéal, dans un monde privilégié, héros beaux, intelligents, fortunés, dans l’environnement luxueux de la classe dirigeante. Le film serait presque parfait si, derrière cette apparence idyllique, ne se fomentait de noirs desseins sur fond de mensonges et de corruption. Le dénouement tragique vient brutalement faire exploser l’imposture.
Une fois le livre fermé les réflexions suscitées par cette fable contemporaine se poursuivent. Transcendée par les artifices littéraires, c’est bien la réalité d’un monde injuste et cruel, de bruit et de fureur, qui est décrite. La conclusion apaisée, autour de l’évocation d’une vie simple, honnête, laborieuse et harmonieuse, dans une nature préservée et nourricière, nous renvoie à la quête éternelle du paradis perdu. Autant de questions qui taraudent plus que jamais notre époque.
Odile Tobner

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 302 - novembre 2020
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