« Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre », a déclaré Emmanuel Macron à l’occasion de la réception des nouvelles autorités intérimaires libyennes à Paris le 23 mars dernier. L’allusion du président français désignait bien entendu l’opération militaire orchestrée par son ami Sarkozy en 2011, qui avait pris fin avec l’assassinat du dictateur libyen. Il ne s’agissait nullement d’un mea culpa pour le soutien apporté, avec les Émirats arabes unis, au général Haftar et à sa meurtrière tentative de conquête de Tripoli d’avril 2019 à juin 2020. Pour la diplomatie française, pas question de reconnaître qu’elle a parié sur le mauvais cheval, mais il faut tenter de reprendre pied en Libye face aux Turcs et aux Russes, afin de ne pas laisser les entreprises françaises à l’écart de la « reconstruction ». Macron a ainsi annoncé la réouverture de l’ambassade de France pour le 24 mars, le lendemain de cette visite protocolaire. Si le ton est nouveau, rien n’assure pour autant que la France a rompu avec son alignement sur l’ingérence d’Abu Dhabi dans le pays, semblant même plutôt privilégier la continuité des acteurs : l’ambassadrice Béatrice Le Fraper du Hellen est ainsi toujours en poste, et, selon Africa Intelligence (24/03), « Emmanuel Macron va faire revenir auprès de lui à Paris Paul Soler, son "Monsieur Libye" depuis 2017 ». L’ancien militaire spécialisé dans le renseignement était depuis plusieurs mois « à Amman en tant que premier conseiller de l’ambassadeur. La Jordanie [étant] l’un des principaux alliés de Khalifa Haftar ».