Alors que le président français ne ménageait pas ses compliments à la junte militaire jusqu’à récemment, par exemple à l’occasion du dernier sommet du G5-Sahel, le ton a brutalement changé, après le « coup d’État dans le coup d’Etat » dénoncé par Macron (France 24, 25/05). Si l’exemple récent du Tchad montre que l’exécutif français n’est pas à un putsch près, il ne digère pas en revanche de voir mis sur la touche le président de la transition, Bah N’Daw, qu’il avait adoubé et qui était jugé, selon les mots de Macron « très rigoureux sur l’étanchéité entre le pouvoir et les djihadistes » (JDD, 29/05). Les menaces verbales de se retirer militairement du pays n’ayant pas été jugées concluantes, Macron a donc annoncé la suspension de la coopération militaire et des opérations conjointes de Barkhane avec les forces maliennes de façon « temporaire et réversible ». Dans une conférence de presse tenue le 10 juin, il a expliqué que la coopération militaire ne reprendrait que lorsque sera garantie « la clarté dans les discussions avec les groupes terroristes et djihadistes qui sont présents dans la région et donc pas de dialogue et de compromission ». Cela fait des années que le pouvoir français s’oppose aux tentatives de négociations maliennes avec Iad Ag Ghali et Ahmadou Kouffa, les deux principaux leaders djihadistes (affiliés à Al-Qaïda), alors que ces négociations sont majoritairement souhaitées par la population et la classe politique malienne pour trouver une issue à un conflit qui semble sans fin et dont les civils paient de plus en plus lourdement le prix.