Survie

Guerre exemplaire contre le terrorisme

rédigé le 20 septembre 2021 (mis en ligne le 6 janvier 2022) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Revenant sur les exactions commises par les forces de défenses sahéliennes contre les populations civiles, qui constituent aujourd’hui par réaction l’une des principales motivations d’engagement au sein des groupes djihadistes, Mediapart (15/09) constate : au Niger, « en cinq ans, au moins 766 millions d’euros ont été dépensés [par l’UE] pour bâtir, équiper et former des unités entières de la gendarmerie, de la police, de l’armée et de la garde nationale. Dans le même temps, du matériel militaire, en masse, a été livré sur place. Parfois donné par les mêmes partenaires, dont la France. » Alors que certains massacres commis par des militaires nigériens ont été documentés par la Commission nationale pour les droits humains, une autorité administrative indépendante au Niger, « il y a une vraie inquiétude dans les couloirs de la commission [européenne] sur le fait que du matériel fourni par les Européens aurait pu être utilisé pour des exactions », selon un témoignage recueilli par le journal en ligne.
Pourtant « même parmi les États du nord de l’Europe, qui se disent très attentifs à ce sujet, il y a une grande timidité », constate Jair Van Der Lijn, chercheur du Stockholm International Peace Research Institute : « Les États européens refusent de conditionner effectivement leur soutien au respect des droits humains, dans la crainte de perdre de l’influence, face aux États-Unis mais surtout à la Russie, nouvel acteur de la région » Le journal poursuit : « Interrogés à ce sujet, plusieurs fonctionnaires européens se cachent, quant à eux, derrière les formations en droits humains, dispensées par la mission Eucap Sahel aux forces de sécurités nigériennes. Ou le "Mécanisme d’identification, de suivi et d’analyse des dommages causés aux civils", adopté par la force conjointe du G5 Sahel, début 2021. Ce dernier devait permettre d’engager une discussion sur la question des droits humains avec les soldats locaux. Sa mise en œuvre a été ralentie par la France, explique un fonctionnaire du G5 Sahel, qui requiert l’anonymat. Selon lui, Paris "craignait que ses propres soldats puissent être dans le viseur" ». On ose à peine y croire...

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Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 311 - octobre 2021
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