Survie

Mémoire sélective

rédigé le 21 septembre 2021 (mis en ligne le 5 janvier 2022) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Le 21 septembre, Emmanuel Macron a reçu des représentants de Harkis à l’Elysée. Reconnaissant, comme Hollande et Chirac avant lui « un abandon de la République française » ayant entraîné des massacres en Algérie, il s’est de plus engagé à faire porter par le gouvernement « un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation ». « Aux combattants abandonnés, à leurs familles qui ont subi les camps, la prison, le déni, je demande pardon, nous n’oublierons pas », a-t-il assuré. « A sept mois de la présidentielle, certains sont tentés de voir une manœuvre purement clientéliste », rapporte Le Monde (21/09). Des mauvaises langues… L’initiative prouve en tout cas que le président français n’est plus allergique aux mots « pardon », « reconnaissance » ou « réparation » qu’il avait pourtant refusés quelques jours plus tôt aux victimes des crimes coloniaux lors du sommet Afrique-France, ou encore aux victimes du génocide des Tutsis lors de son déplacement au Rwanda. Le 17 octobre, le Président s’est aussi rendu – c’est une première - aux commémorations sur le Pont de Bezons, d’où plusieurs dizaines d’Algériens furent jetés dans la Seine lors du massacre du 17 octobre 1961. Il s’est toutefois refusé à prendre la parole et le communiqué officiel rejette la responsabilité sur le seul Maurice Papon, sans même préciser sa fonction de Préfet. « Le Président dédouane à peu de frais le gouvernement de l’époque et donc de l’État français de sa responsabilité et cherche une fois encore à ménager la droite et l’extrême-droite nostalgique de l’OAS ! Pas un mot du contexte de la guerre d’Algérie, pas un mot sur le colonialisme, rien sur les archives toujours interdites d’accès, encore moins sur une réparation… », commente le MRAP, qui comme un comité unitaire de plus de 120 organisations, attend toujours la reconnaissance d’un « crime d’État ».

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