Survie

à nos lecteurs et lectrices

rédigé le 1er décembre 2021 (mis en ligne le 7 février 2022) - Marie Bazin

Vous l’aurez remarqué, la parution de Billets d’Afrique est quelque peu aléatoire ces derniers mois, voire ces dernières années. Quelques mots d’explications et d’abord, un petit historique…

Le premier numéro de Billets d’Afrique et d’ailleurs paraît en septembre 1993, pendant de nombreuses années il est rédigé presque intégralement par François-Xavier Verschave. Un vrai marathon chaque mois, pour assembler quantité de « billets » : ces informations éparpillées sur les « avatars » de la politique françafricaine, qu’il s’agit de sortir de l’ombre.
C’est au début des années 2000 que les contributeurs et contributrices à Billets d’Afrique augmentent, avec la création d’un comité de rédaction. En 2003, Verschave commence à passer la main et les directeurs de rédaction se relaient pour continuer à faire vivre le mensuel : Pierre Caminade de 2003 à 2007, Raphaël de Benito de 2007 à 2013, le binôme Thomas Noirot et Mathieu Lopes de 2013 à 2019. En juin 2005, Verschave est trop malade pour faire l’édito : Odile Tobner prend le relais et, jusqu’en mars 2016, régale ou parfois offusque nos abonné.es de sa plume inspirée de décennies de lutte contre le néocolonialisme français. Depuis 2019 nous avons un fonctionnement collégial, avec une coordination de numéros tournante grâce au renfort de Marie Bazin, Emma Cailleau, Pauline Tétillon.
Les auteurs et autrices (moins nombreuses…) se succèdent et se renouvellent aussi. Citons notamment Sharon Courtoux qui y a occupé une place prépondérante, avec ses écrits mais aussi grâce à ses liens avec des militant.e.s africain.e.s qui trouvaient dans Billets un relais pour leurs informations et analyses. Le journal est aussi un outil essentiel pour encourager la recherche militante, caractéristique du combat de Survie depuis les années 1990. C’est un lieu d’apprentissage qui permet aujourd’hui encore à des militant.e.s d’y faire leurs premières “armes” en matière d’écriture et de recherche, avant de se lancer parfois sur des formats plus longs : brochures, livres. Accompagner ces nouvelles personnes représente un certain temps pour le comité de rédaction, mais permet de conserver des contributeurs et contributrices régulier.e.s et varié.e.s, pour éviter que le(s) rédac-chef(s) ne se retrouvent à écrire la majorité du numéro, comme c’est déjà arrivé par le passé… 

Un contenu en évolution

Ces changements et renouvellements ont nécessairement amené des évolutions dans la forme et le contenu de Billets. Le plus visible, ce sont bien sûr les changements de maquette. Des feuillets A4 en noir et blanc des débuts, à la maquette en couleurs « presque pro » d’aujourd’hui, on a fait du chemin ! Les dessins de John Beurk ont permis d’illustrer (enfin) les articles à partir de 2010 et les photos occupent la Une depuis 2013. Depuis quelques années, nous sommes animé.e.s par la volonté de rendre le contenu de Billets plus lisible et plus... aéré ! On a encore quelques progrès à faire ! En 2019, un gros travail a également été fait pour mettre en ligne l’intégralité des numéros (nous avions presque deux ans de retard) et s’y tenir régulièrement, grâce à la détermination de Loïc et Marylène.
Au-delà de la forme, nous constatons aussi une évolution progressive du fond, qui semble se dessiner naturellement et qui est liée aux nouvelles modalités de circulation de l’information. Alors qu’à ses débuts, Billets visait à diffuser des informations peu accessibles, étant alors une des rares publications traitant de la Françafrique, le contexte est aujourd’hui un peu différent : de grands médias comme Le Monde ou Le Point se sont dotés de services en ligne dédiés à l’Afrique, des cellules d’investigation font sortir au grand jour nombre d’informations secrètes et les réseaux sociaux permettent de faire circuler presque instantanément les informations. Progressivement, Billets d’Afrique a tendance à se concentrer sur les sujets qui nécessitent un décryptage très régulier et précis, face au rouleau compresseur de la communication officielle : c’est le cas en particulier des opérations militaires extérieures ou de la complicité de la France dans le génocide des Tutsis. La perspective de faire un dossier dans le journal devient un des moteurs de certains groupes de travail internes à l’association, comme sur la Kanaky. Par ailleurs, le contenu est aussi le reflet des réflexions et intérêts des militant.e.s de Survie (et d’ailleurs). Confronté.e.s aux perpétuelles adaptations de la Françafrique et à ses effets sur « l’opinion publique » (une démobilisation, puisque la Françafrique serait moribonde), nous nous questionnons sur ce qui peut encore susciter de l’intérêt et de l’action, sur ce que l’analyse de la Françafrique apporte à d’autres luttes (et réciproquement). Cela amène certain.e.s d’entre nous à explorer les liens entre notre combat et des thématiques connexes : l’écologie, les violences policières…

Toujours motivés, 
mais un peu fatigués

Tout cela ne vous explique pas comment fonctionne Billets concrètement, ni nos difficultés actuelles… Le noyau dur qui fabrique chaque numéro ne représente que 2 à 5 personnes (selon les mois...), pour qui il s’agit de coordonner le numéro, trouver les auteurs ou autrices, les relancer, les accompagner, trouver des solutions alternatives quand certains articles prévus n’arrivent pas dans les temps, écrire soi-même quand on trouve le temps (car on aime bien écrire aussi, pas seulement organiser !) et enfin faire la “maquette” (c’est-à-dire la mise en page), puis les relectures, le tout entièrement bénévolement. Et tout cela recommence chaque mois, alors même que les propositions d’articles ne se bousculent pas au portillon ! L’été dernier, les problèmes d’imprimeur, qui ont privé nos abonné.es de deux numéros, nous ont un peu découragé.es. Alors en toute franchise : en ce moment nous sommes un peu fatigué.es, souvent pris par d’autres impératifs professionnels ou personnels, et nous peinons à retrouver le rythme régulier des publications. Mais la bonne nouvelle c’est que nous sommes toujours motivé.es et que nous réfléchissons à des solutions, car Billets est un pilier pour la production et la diffusion des analyses de Survie.

Si vous avez des questions, des propositions et même des encouragements ou des critiques, vous pouvez nous écrire sur cette adresse : billetsdafrique@survie.org
Marie Bazin

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