Le souci d’opacité du pouvoir percute aussi le travail des chercheurs. Les services du Premier ministre viennent en effet de pondre une nouvelle version de l’Instruction générale interministérielle (IGI) n°1300 qui durcit encore l’accès aux archives sensibles, en contradiction avec toutes les promesses présidentielles de ces dernières années et avec la loi de 2008 qui prévoit la communicabilité des archives touchant au secret de la défense nationale au bout de cinquante ans, sauf exception. Une tribune des archivistes français décrypte (communiqué du 17/01) : « Cette nouvelle version de l’IGI fixe de manière arbitraire le périmètre du secret-défense en imposant la date de mars 1934 : tout document postérieur à cette date portant un quelconque tampon "secret" doit faire l’objet d’une demande de déclassification auprès des services émetteurs. (…) Enfin, de manière inédite dans l’histoire des archives en France, la nouvelle version de l’IGI 1300 prévoit la possibilité que des archives soient classifiées "secret défense" a posteriori sans aucune limite temporelle et justification d’aucune sorte ». Après un premier recours en 2020 devant le Conseil d’État, un second vient d’être déposé contre la réécriture de l’IGI 1300. « Ça n’est qu’une hypothèse », note Pierre Mansat, président de l’association Josette et Maurice Audin, « mais l’hypothèse est que des cercles politiques, militaires et du renseignement ne souhaitent pas qu’un certain nombre d’éléments concernant notre histoire soient connus, analysés et compris par les historiens » (Rfi.fr, 25/01). On ne voit vraiment pas de quoi il parle...