Alors que le pré carré s’effrite, la diplomatie française tente de resserrer les liens avec les dirigeants jugés hier peu fréquentables. C’est le cas d’Ali Bongo au Gabon : « Libreville n’avait pas connu un tel défilé de diplomates et parlementaires français depuis au moins une décennie », relate Africa Intelligence (19/01). « Le mois dernier, ce ne sont pas moins de trois délégations tricolores qui se sont succédé dans la capitale gabonaise. » Explication : « Paris soigne ses relations avec les États d’Afrique francophone élus au Conseil de sécurité », ce qui est le cas du Gabon pour les deux ans à venir. Une attention d’autant plus soutenue que la concurrence s’intensifie : « Dans cette lente orchestration d’un rapprochement franco-gabonais, l’entrée, mi-2021, du Gabon au Commonwealth est venue sonner comme une sévère discordance pour Paris, et ce bien que le processus d’adhésion ait été enclenché par Libreville depuis plusieurs années. Signe de l’inquiétude de Paris, le sujet a même été évoqué par le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, avec son homologue gabonais lors d’un tête-à-tête en juin 2021. En plein bras de fer avec Moscou, Paris s’est également inquiété cet été de plusieurs va-et-vient d’une poignée d’officiels gabonais entre Libreville et Moscou. » Rappelons aussi que les intérêts économiques français restent substantiels au Gabon dans la construction, les services ou le pétrole. Si TotalEnergie s’en retire progressivement, c’est pour céder la place à Perenco, une entreprise pétrolière française.