Survie

Algérie : Histoire enterrée

rédigé le 15 avril 2022 (mis en ligne le 26 mai 2022) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

La revue XXI (tome 58, 04/22) lève le voile sur « la guerre des grottes » menée par l’armée française en Algérie. De 1956 à 1961, une unité dénommée Batterie des armes spéciales (BAS) a généralisé le recours aux gaz toxiques dans les grottes où se cachaient les combattants nationalistes algériens. Cet usage des gaz de combat, en principe interdit par la convention de Genève, visait à déloger les membres de l’ALN (Armée de Libération Nationale) mais aussi à les tuer par asphyxie. Elle avait également pour but de rendre les grottes durablement impraticables, les gaz toxiques restants fixés aux parois, exposant les civils à de possibles contaminations même après la fin de la guerre. A l’occasion d’une conférence de presse tenue le 7 avril, au siège de la Ligue des droits de l’homme à Paris, Christophe Lafaye, spécialiste de l’emploi des armes chimiques dans les conflits de la décolonisation, et la journaliste de XXI, Claire Billet, ont dénoncé le verrouillage des archives sur ces événements. Comme le rappelle Le Monde (13/04), le secret-défense s’applique en effet pour une période de 100 ans dans « quatre domaines » dont « les matériels de guerre, les techniques de renseignement et les moyens de dissuasion nucléaire, s’ils sont toujours opérationnels. En outre, une autre disposition inscrite dans le code du patrimoine révisé en 2008 bride l’accès aux archives. Ces dernières sont en effet tenues pour incommunicables si elles devaient diffuser des informations "permettant de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, biologiques et chimiques". Cette clause du code patrimoine a été précisément opposée à Christophe Lafaye par le SHD [service historique de la Défense] de Vincennes en septembre 2021 lorsqu’il a demandé à consulter des documents sur l’usage des "armes spéciales" pendant la guerre d’Algérie. Et lorsqu’il a obtenu un feu vert sur des documents, on lui a signifié que certains cartons avaient mystérieusement disparu des réserves. »

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 317 - mai 2022
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