Survie

Condamnation sélective

rédigé le 25 avril 2022 (mis en ligne le 26 mai 2022) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Du 27 au 31 mars, sous couvert de lutte contre le terrorisme, les Forces armées maliennes (FAMA) épaulées par les mercenaires russes de Wagner se sont livrées à plus de 300 exécutions extrajudiciaires, faisant une très grande majorité de victimes civiles dans le village de Moura, au centre du Mali. Le massacre a notamment été documenté par l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié le 5 avril. La veille, le ministère des Affaires étrangères français s’est dit « gravement préoccupé par les informations faisant état d’exactions massives » et a appelé « à l’ouverture rapide d’enquêtes nationales et internationales pour établir les responsabilités de ces actes et traduire en justice leurs auteurs ». Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU rédigée par la France et allant dans le même sens a été bloquée par la Russie, au motif que la justice militaire malienne aurait déjà diligentée une enquête. Encore une fois, on ne peut s’empêcher de penser que la défense de la démocratie et des droits humains par la diplomatie française gagnerait en crédibilité si elle ne fonctionnait pas tant à géométrie variable. Cette dernière a en effet attendu de voir l’armée française éjectée du Mali pour dénoncer les exactions de ceux qui étaient jusqu’à récemment nos alliés dans la « guerre contre le terrorisme ». Si le massacre de Moura est à ce jour le plus effroyable, il n’est en effet pas le premier et cela fait déjà plusieurs années que les rapports des ONG ou de l’ONU alertent sur le fait que les FAMA et les milices d’autodéfenses parfois utilisées comme forces supplétives tuent plus de civils que les djihadistes, facilitant en réaction le recrutement dans les rangs de ces derniers. Mais jusque-là, c’était silence radio. Pas un mot non plus sur le Tchad où « la répression à coups de mitrailleuses des manifestations intervenues à Abéché, dans l’est du pays, les 24 et 25 janvier » a fait « selon Human Rights Watch, 13 morts et plus de 80 blessés » (Le Monde, 20/04). Il est de plus en plus évident que la famille Déby n’entend pas plus lâcher le pouvoir au terme de la prétendue période de « transition » que les militaires au Mali. Mais les autorités françaises n’y trouvent rien à redire.

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 317 - mai 2022
Les articles du mensuel sont mis en ligne avec du délai. Pour recevoir l'intégralité des articles publiés chaque mois, abonnez-vous
Pour aller plus loin
a lire aussi