Survie

De Gaulle et Papon

(mis en ligne le 11 octobre 2022) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Mediapart (06/06/22) révèle des archives inédites concernant le massacre des manifestant.e.s algérien.ne.s du 17 octobre 1961 à Paris, qui prouvent que « Charles de Gaulle et l’Élysée ont tout su – et très vite – de ce crime d’État. (…) Une annotation manuscrite de Charles de Gaulle sur un document de l’Élysée prouve même que le président, confronté à la réalité de la situation, avait demandé que les coupables soient châtiés, réclamant aussi que son propre ministre de l’intérieur, Roger Frey, intervienne face à l’extrême danger des dérives des forces de l’ordre. » Mais comme on le sait, « il ne se passera rien : aucun policier ne sera jamais condamné ; Maurice Papon, le préfet de police qui a supervisé et couvert le massacre, restera en place, tout comme le ministre Roger Frey ; et ce crime restera à jamais impuni ». De Gaulle fermera les yeux « pour éviter que sa majorité ne se fracture et qu’une partie le désavoue », selon l’historien Gilles Manceron. Étant lui-même parvenu au pouvoir par la pression de l’armée et de la police, « De Gaulle craint que la police lui échappe. Or il a besoin d’un appareil policier loyal au régime », explique pour sa part le chercheur Emmanuel Blanchard (Mediapart, 19/06/22) « En somme, la transaction avec Papon peut se résumer ainsi : "Si vous tenez la police, qu’elle ne sombre pas dans l’activisme OAS, on oublie cette histoire". » Quatre mois après le 17 octobre, « Roger Frey et Maurice Papon seront encore, sous l’autorité de De Gaulle, responsables d’une autre tuerie policière : celle du métro Charonne, faisant neuf morts le 8 février 1962 dans une manifestation anti-OAS. Et l’un et l’autre seront maintenus en poste par de Gaulle durant cinq années supplémentaires, jusqu’en 1967 », rappelle l’historien Fabrice Riceputi.

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