Après les confessions d’un ancien salarié d’Avisa Partners dans le journal Fakir (21/06/22), Mediapart (27/06/22) publie une passionnante enquête sur cette société privée qui a mis ses talents très particuliers au service d’États étrangers ou de plusieurs poids lourds du CAC 40, voire d’institutions publiques. Cette « société d’intelligence économique, d’affaires internationales et de cybersécurité », comme elle se présente, « s’est notamment spécialisée dans la vente d’influence médiatique et numérique à ses clients », explique Mediapart. Afin de vendre « du "online advocacy" (comprendre de l’influence numérique), Avisa et ses partenaires ont rodé une stratégie très particulière : l’infiltration, sous de fausses identités, d’espaces de discussion participatifs sur des sites de médias plus ou moins réputés (...) Les lectrices et lecteurs pensent lire le texte spontané et désintéressé d’un citoyen indigné, de la responsable d’une ONG, d’un chercheur aguerri, d’un opposant politique ou d’un cadre dirigeant d’une grande entreprise. En fait, il n’en est rien. Tout est savamment mis en scène dans le seul but de répondre à la commande d’un client, prêt à chèrement payer un tel service. » Parmi les consommateurs africains de ces manipulations, on note par exemple Denis Sassou Nguesso, le dictateur du Congo-Brazzaville ; Idriss Déby, son homologue tchadien récemment décédé ; la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Nouvian-Ouattara ; ou encore le clan Bongo au Gabon… Avisa Partners a bien entendu pignon sur rue et « rassemble – ou a rassemblé – en son sein des figures du renseignement, du monde des affaires, de la politique ou de la diplomatie », lesquelles prétendent aujourd’hui avoir toujours tout ignoré de ces pratiques…