Survie

Une brèche 
dans l’impunité ?

rédigé le 15 octobre 2022 (mis en ligne le 9 mars 2023) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

« Plus de dix ans après le drame du "Left-To-Die Boat", l’armée française va-t-elle enfin rendre des comptes ? », s’interrogent plusieurs associations dans Libération (07/10/22). En 2011, 63 migrant·e·s sont morts en Méditerranée faute d’avoir été secouru·e·s, alors qu’à l’époque, « les navires et les avions, déployés en nombre au large des côtes libyennes dans le cadre d’une vaste opération menée sous l’égide de l’Otan, ont assisté à ce drame sans qu’aucun ne porte secours aux exilé·e·s en détresse ». Officiellement, l’armée française n’a rien vu, rien entendu. Version « contredite par des informations révélées par les procédures belge, espagnole et italienne et par l’état-major des armées lui-même » dans un document transmis à la justice. Des plaintes ont en effet été déposées dans différents pays par 9 rescapé·e·s et des associations. « En France, dix années d’obstruction judiciaire ont conforté la stratégie d’évitement adoptée par l’armée française pour se dérober aux investigations ». Une première plainte déposée en avril 2012 a été classée sans suite après que le ministre de la Défense, consulté sur les suites à y donner, a répondu « qu’il n’y [avait] pas lieu à poursuites » au motif « qu’aucun navire ou aéronef français ne se trouvait à proximité de l’embarcation lors de sa dérive ». Une nouvelle plainte avec constitution de partie civile un an plus tard a été classée sans suite, la juge d’instruction estimant que la parole du ministre avait valeur de preuve. Un non-lieu qui vient d’être infirmé par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. « Il aura donc fallu plus de dix ans pour qu’une brèche soit ouverte dans la chape d’impunité ». Retour du dossier à l’instruction. La cour d’appel de Paris n’a « pas fait droit à toutes les demandes des parties civiles, notamment l’audition de témoins directs des faits », mais « elle ordonne que soient communiqués les actes des procédures conduites en Belgique, Espagne et Italie ainsi que les documents permettant d’établir le détail des mouvements des bâtiments français présents en Méditerranée pendant toute la période de l’errance du Left-To-Die Boat. »

#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 321 - octobre 2022
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