Achille Mbembe fait la tournée des médias français pour assurer la promotion de sa Fondation de l’innovation pour la démocratie, « proposition phare, avec la Maison des mondes africains, du rapport » qu’il avait « remis au président Emmanuel Macron en amont du Nouveau sommet Afrique-France de Montpellier, en octobre 2021 », comme il le rappelle dans Le Monde (02/10/22). Une fondation qui sera financée, en toute indépendance, par la France à hauteur de 50 millions d’euros sur 50 ans. Mbembe assume sans difficulté : « on ne va pas être naïf non plus. L’Allemagne finance la démocratie en Afrique sur des sommes largement supérieures. Les États-Unis viennent de décider de financer la diplomatie à hauteur de 200 milliards de dollars sur les dix années qui viennent. Le Royaume-Uni fait exactement la même chose. Pourquoi la France ne devrait pas le faire ? » Présente à l’inauguration, la secrétaire d’État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux Chrysoula Zacharopoulou, s’est d’ailleurs chargée d’expliquer lourdement en quoi la fondation illustre la nouvelle stratégie africaine de la France, faite de « partenariats » et non « d’influence » (Les Echos, 09/10/22). Une rhétorique presque aussi vieille que la Françafrique ! Souhaitons toutefois à ceux qui rejoindront la Fondation de l’innovation pour la démocratie de savoir faire preuve de moins de complaisance que son fondateur à l’égard de ceux qui soutiennent les dictatures...
