« Sans surprise, les deux juges d’instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris ont suivi les réquisitions du parquet » et, après 17 ans de procédure, rendu une décision de non-lieu définitif dans le dossier de l’empoisonnement de la Guadeloupe et de la Martinique au chlordécone. Classée cancérogène probable par l’Organisation mondiale de la santé dès 1979, la substance toxique a été utilisée en France jusqu’en 1990 et toujours abondamment aux Antilles jusqu’en 1993 pour satisfaire les producteurs de bananes. « Très persistante, la molécule a contaminé plus de 90 % de la population guadeloupéenne et martiniquaise, qui présente un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde », rappelle Le Monde (06/01/23). Les deux juges reconnaissent un « scandale sanitaire », sous la forme d’ « une atteinte environnementale dont les conséquences humaines, économiques et sociales affectent et affecteront pour de longues années la vie quotidienne des habitants », mais considèrent que les faits ne caractérisent pas une infraction pénale. Les plaignants, soutenus par les élus locaux, dénoncent une instruction « bâclée » et un déni de justice et annoncent leur intention d’épuiser tous les recours juridiques jusqu’au niveau européen si nécessaire.