La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) du Tchad a revu à la hausse le bilan meurtrier de la répression de l’opposition politique d’octobre 2022, avec 128 morts identifiés, soit presque deux fois plus que le chiffre finalement reconnu par le pouvoir. Emmanuel Macron avait-il connaissance de l’ampleur du massacre lorsqu’il recevait Mahamat Idriss Déby Itno à l’Elysée le 2 février dernier ? Compte-tenu de la présence des services secrets français dans le pays, sans aucun doute. Si l’enquête de la CNDH avait été publiée plus tôt, il est vraisemblable que le soutien du président français n’en aurait pas été ébranlé. Surtout que le Tchad serait maintenant, si l’on en croit une enquête du Wall Street Journal (en fait des confidences des services secrets américains, à prendre avec précaution pour l’instant), dans la ligne de mire du groupe paramilitaire russe Wagner, lequel soutiendrait la rébellion du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), et aurait même proposé d’éliminer le fils Déby (RFI, 25/02/2023). Prétexte supplémentaire pour soutenir un allié militaire indéfectible de la France, à l’heure où le « complexe de Bangui » (du nom de la capitale centrafricaine où les Russes ont supplanté les Français) a remplacé le « syndrome de Fachoda » (Afrique XXI, 8/02/2023).