Les chefs d’État de la CEMAC, en revanche, n’ont pas cédé aux demandes françaises d’assouplissement de la réglementation concernant les dépôts des entreprises étrangères sur les comptes de la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC). Depuis 2019, en accord avec le FMI, « l’autorisation de sortie de devises sur des transferts de plus de 5 millions de francs CFA [7600 euros] est soumise à une longue liste d’obligations qui visent à prévenir des sorties de devises abusives ou frauduleuses. (…) La réglementation oblige par ailleurs les banques commerciales à rapatrier 70 % des devises étrangères obtenues par les exportateurs (…) sur les comptes de la BEAC, pour les substituer à des francs CFA », explique Africa Intelligence (17/03/23). Ces dispositions ont permis de faire passer « de 3 000 milliards de francs CFA [4,5 milliards d’euros] en 2018 à 12 000 milliards en 2022 [18,3 milliards d’euros] » la rétrocession des devises étrangères et d’augmenter les réserves de change de la BEAC. Mais elles sont jugées trop « restrictives » par les entreprises françaises : « Ces dernières semaines, sous pression des entrepreneurs français, Paris a demandé au FMI d’envisager un assouplissement de la réglementation, arguant qu’elle avait refroidi plusieurs investisseurs potentiels dans la sous-région », rapporte la lettre confidentielle. Il s’agissait notamment de permettre aux entreprises extractives (Eramet, TotalEnergies…) de continuer à bénéficier d’une dérogation qui leur permet de ne pas se soumettre « à l’obligation de rapatrier la totalité des devises générées par leurs activités dans les comptes ouverts dans la zone CEMAC, mais seulement 35 % ». Apparemment, ces pressions n’ont pas porté leurs fruits : le communiqué final du sommet des chefs d’État encourage la BEAC à « poursuivre et renforcer l’application de ladite réglementation à tous les secteurs d’activité, notamment aux entreprises du secteur extractif » (Communiqué final du 17/03/23).