Une série d’articles de Mediapart, publiée dans un dossier intitulé « Predator Files » (05/10/2023) rend compte de la formidable enquête menée par 15 médias internationaux. On y voit comment la société Amesys, mise en cause pour avoir fourni, en lien avec les services secrets français, le système Eagle de surveillance massive d’Internet à plusieurs régimes autoritaires (Guinée, Maroc, Gabon, Libye), a tranquillement changé de nom (Nexa) pour continuer à fournir ses services à une vingtaine d’autres États (dont le Congo Brazzaville). Toujours soutenue par la DGSE, en dépit de ses manœuvres pour contourner les règles d’exportation, elle diversifie même ses services et fournit, notamment à l’Égypte, un système de piratage des téléphones portables (« Prédator », rival du logiciel « Pégasus »), en lien avec Intellexa, firme fondée par un ancien des services israéliens. Elle a aussi tenté d’équiper le maréchal Haftar quand la France le soutenait militairement, en dépit de l’embargo sur les armes visant la Libye, et du fait qu’Haftar faisait l’objet d’enquêtes pour « crimes de guerre ». Pour que l’instruction des juges en charge du dossier se penche sur cette question, il faudrait que le ministre de l’Économie porte plainte pour violation de l’embargo. Mais étrangement, Bruno Lemaire et Macron font la sourde oreille...