Après quatre années d’enquête du Parquet national financier, un procès visant Egis route, filiale du groupe français de construction Egis, doit se tenir début 2024 en France pour « corruption passive d’agent public étranger » (Libération, 06/10/2023). Est également visée Pascaline Bongo, fille aînée et directrice de cabinet de l’ancien dictateur du Gabon, Omar Bongo, devenue ensuite « Haut représentant » du président de la République Ali Bongo. Elle est accusée d’avoir accepté une promesse de 8 millions d’euros de rétro commissions de la firme française via un « partenariat fictif », en échange de favoritisme dans l’attribution de marchés publics. Pascaline Bongo est par ailleurs également mise en examen dans l’affaire dite des « Biens mal acquis », avec dix de ses frères et sœurs. On attend de la justice qu’elle lève le voile sur le système de corruption des Bongo et ses ramifications françaises, ainsi que sur la persistance des procédés utilisés par les grandes entreprises françaises pour accéder aux marchés publics étrangers. Rappelons d’ailleurs qu’Egis est également présente dans de nombreux autres pays africains. En Guinée par exemple, pays avec lequel la France entretient les meilleures relations en dépit du coup d’État de 2021, l’entreprise française a été choisie comme ingénieur conseil du gouvernement dans le projet d’exploitation de Simandou, considéré comme le plus grand gisement de fer non exploité du monde (et objet d’un interminable feuilleton économico–politico–judiciaire international).