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Bis repetita

(mis en ligne le 19 mars 2024) - Billets d’Afrique et d’ailleurs...

Près de 10 ans après l’exfiltration vers la Côte d’Ivoire du dictateur déchu Blaise Compaoré, c’est au tour de François Compaoré, son petit frère, d’être soustrait à la justice de son pays. Il y est en effet inculpé pour « incitation à assassinat » du journaliste Norbert Zongo (devenu depuis symbole national de la liberté de la presse), disparu en 1998 alors qu’il enquêtait sur la mort, sous la torture, du cuisinier de François Compaoré, David Ouedraogo. Interpellé à Roissy le 29 octobre 2017, François Compaoré était depuis sous contrôle judiciaire. Son extradition avait été demandée par les autorités judiciaires du Burkina Faso. Une longue procédure était alors engagée jusqu’à la signature du décret d’extradition par Édouard Philippe, le 21 février 2022, validé par le Conseil d’État le 30 juillet 2021. Les avocats de François Compaoré se tournent alors vers la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Celle-ci a demandé en septembre de réexaminer les conditions de l’extradition au vu des changements politiques intervenus au Burkina Faso. Il y aurait un risque de violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme qui interdit la torture, ainsi que les peines ou les traitements inhumains ou dégradants, estimait-elle, si l’extradition survenait « sans réexamen préalable de la validité et de la fiabilité des assurances diplomatiques fournies par le Burkina Faso » (Jeune Afrique, 07/09/23). C’est dans ce contexte qu’intervient la décision du gouvernement français d’annuler purement et simplement le décret d’extradition. Mais le réexamen préalable demandé n’a jamais eu lieu…


#GénocideDesTutsis 30 ans déjà
Cet article a été publié dans Billets d’Afrique 333 - janvier 2024
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