Détenue en partie par le groupe Bolloré, la société Socfin est installée au Nigeria à travers l’une de ses filiales, la Okomu Oil Palm Company PLC (66 % des parts). Elle y exploite une plantation de caoutchouc et une autre de palmiers à huile pour un bénéfice brut de 39 milliards de nairas en 2022 (39 millions d’euros avant la dévaluation de début 2024). Mais cette exploitation s’accompagne d’atteintes à l’environnement et aux populations locales. Dans une enquête, la journaliste Elfredah Kevin-Alerechi (Observatoire des multinationales, 26/10/23) raconte comment la filiale de Socfin a causé le déplacement forcé de populations et la destruction de terres agricoles. À plusieurs reprises, l’entreprise a empêché les résidents d’Okomu de circuler librement entre l’intérieur et l’extérieur de la communauté : en 2010, quand les habitants ont refusé de signer un accord reconnaissant l’entreprise comme propriétaire des terres, en 2014-2015, et en 2022, quand l’entreprise a construit un fossé autour de la plantation. Lors d’une manifestation pour faire fermer ce fossé, une habitante a reçu une balle dans le genou, tirée selon plusieurs témoins par un agent de sécurité de l’entreprise. La filiale de la Socfin serait également à l’origine de pollutions de la rivière Okomu aux engrais et aux pesticides, une catastrophe pour cette communauté de pêcheurs qui dépend de la rivière pour son eau de boisson et ses revenus. Des analyses menées dans le cadre de l’enquête montrent que l’eau contient des niveaux élevés de chlore et de solides dissous qui ont un impact sur la croissance des poissons. Rien d’étonnant, quand on connaît les méthodes de l’entreprise au Cameroun (RFI, 2/10/23).