Diomaye Faye l’épouvantail
Annoncé pendant la campagne, le chantier de l’abandon du franc CFA par le Sénégal est sur la liste du nouveau président Bassirou Diomaye Faye, qui entend procéder au « choix de la rupture » (Mediapart, 29/03/24). L’opposant historique Ousmane Sonko, qui lui a laissé sa place dans la course, avait évoqué la mise en œuvre d’une « réforme monétaire au niveau sous-régional », sans exclure la possibilité de « doter le Sénégal de sa propre monnaie » si rien ne bouge au niveau communautaire. La déclaration avait alarmé la plupart des autres candidats, plus proches des institutions, comme l’ancien Premier ministre Amadou Ba ou l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. Et il semblerait bien que la peur ait aussi gagné les empires Bouygues et Bolloré : deux jours après l’élection, le chroniqueur Vincent Hervouët fustigeait le nouveau pouvoir sénégalais dans son édito international (Europe 1, 26/03/24). Prévenant que « les deux taulards ont en main les clés du palais présidentiel », en référence à l’emprisonnement de Diomaye Faye et Sonko, il agite successivement l’épouvantail du populisme (dont leur parti, le Pastef, serait une « version africaine »), du salafisme (car les deux hommes seraient « proches du Qatar et des frères musulmans ») et enfin des exilé.e.s qui risqueraient, selon lui, d’arriver à nos portes à cause de leur politique. Sur LCI, c’est Ruth Elkrief et quelques autres, qui s’inquiètent chez Pujadas de la « dégradation de notre présence en Afrique extrêmement inquiétante » (LCI, 25/03). Si on ne sait pas où mèneront les promesses du nouveau président, il est plaisant de voir qui elles font claquer des dents.