En mars dernier, le groupe pétrolier TotalEnergies fêtait en grande pompe son centième anniversaire (Les Echos, 29/03/24). Il faut dire qu’on a rarement vu un centenaire se porter aussi bien : avec une vingtaine de nouveaux projets pétro-gaziers en 2023, la multinationale se hisse à la troisième place sur le podium mondial du développement des énergies fossiles. Un succès qui doit en partie aux liens privilégiés entre le groupe et la diplomatie française (Mediapart, 28/03/24). Sur les 160 ambassades françaises à l’étranger, pas moins de 52 sont intervenues pour favoriser les activités de l’entreprise depuis 2021. On ne s’étonnera pas de découvrir que 20 de ces ambassades concernent le continent africain, où TotalEnergies est devenu le plus gros développeur pétrolier et gazier – notamment par ses activités en Ouganda et Tanzanie (Billets d’Afrique n°329, été 2023). Cette diplomatie pétrolière au mépris de la lutte contre le changement climatique s’illustre aussi dans le jeu de « portes tournantes » de plusieurs cadres entre le ministère des Affaires étrangères et la multinationale, comme Hélène Dantoine, directrice actuelle de la diplomatie économique, qui a été directrice Afrique des filières d’exploration chez Total de 2011 à 2019. De janvier à juin 2024, une commission d’enquête du Sénat, lancée à l’initiative des Écologistes, devra faire le point sur le rôle de l’État dans le respect par TotalEnergies « des obligations climatiques » de la France.