Le 23 avril dernier, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’association Utopia 56 déposaient plainte contre Fabrice Leggeri, candidat Rassemblement national (RN) aux élections européennes, pour « complicité de crime contre l’humanité et complicité de crime de torture » (Le Monde, 23/04/24). En tant que directeur de l’agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes Frontex de 2015 à 2022, il aurait couvert ou facilité le refoulement illégal d’embarcations de personnes exilées vers la Turquie. À de nombreuses reprises, Frontex aurait omis d’alerter sur la situation de détresse de ces embarcations, voire aurait communiqué certaines informations aux gardes-côtes libyens. L’agence aurait ainsi favorisé le retour des exilé·e·s en Libye, où ils sont exposés à des crimes contre l’humanité (torture, viol, esclavage…). La plainte se base notamment sur un rapport de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) sorti en 2022, qui atteste que Frontex n’a pas alerté sur de nombreux incidents graves dont elle avait pourtant connaissance. Ce rapport avait mené à la démission de Fabrice Leggeri, qui a « délibérément ignoré la commission des exactions » et « vraisemblablement impulsé leur dissimulation ». Les pratiques criminelles de Frontex étaient connues avant la publication du rapport de l’OLAF, et n’ont malheureusement pas disparu après la démission de celui qui a été trop longtemps soutenu par les différents États membres de la Commission européenne, à commencer par la France.