Le verdict des sept juges de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) tombé le 4 avril est unanime : la France est coupable de « traitements inhumains ou dégradants » pour avoir manqué au « droit au respect de la vie privée ». En cause, l’« accueil » réservé aux 90 000 harkis et leurs familles réfugiés en France après la guerre d’indépendance algérienne. Pourtant, le 20 septembre 2021, Emmanuel Macron avait demandé « pardon » aux harkis, reconnu un « abandon de la République française » et annoncé un projet de loi de reconnaissance et de réparation. Insuffisant, selon Charles Tamazount, haut fonctionnaire né au camp de Bias dans le Lot-et-Garonne et président du Comité Harkis et Vérité. Depuis 2011, il demandait à la justice française de reconnaître les préjudices subis par sa famille ainsi que l’abandon par la France de ses soldats algériens. Tribunal administratif, cour d’appel et Conseil d’État s’étant déclarés incompétents sur ce point, il porte l’affaire devant la CEDH en 2019. Or, c’est au même moment qu’Emmanuel Macron demande pardon. Simple coïncidence, ou manœuvre dilatoire ? La loi de reconnaissance et de réparation, votée en février 2022, reconnaît bien les « conditions indignes de l’accueil » ainsi que les « privations de liberté » et prévoit bien une réparation financière, mais celle-ci est jugée inadéquate et insuffisante par la CEDH, sans compter que les bénéficiaires ne pourraient alors plus contester le drame des harkis devant un tribunal. M. Tamazount accuse : l’État français voulait « éteindre l’action devant la CEDH pour éviter une condamnation. Ça n’a pas marché », cheh.