« La France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n’en a pas eu la volonté ». Voilà les mots qu’Emmanuel Macron aurait dû prononcer le 7 avril, à l’occasion de la commémoration du trentième anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda, provoquant une levée de boucliers de la vieille garde mitterrandienne (Védrine en tête) et de certains militaires. Des mots pourtant insuffisants et qui avaient sans doute pour objectif d’éteindre le débat sur la complicité de génocide. Sauf que, contrairement à l’annonce de l’Élysée, ces mots insuffisants n’ont même pas été prononcés : « Je crois avoir tout dit ce 27 mai 2021 quand j’étais parmi vous. Je n’ai aucun mot à ajouter, aucun mot à retrancher », déclarera Macron, laconique, dans son discours du 7 avril. Ce 27 mai 2021 en question, il avait reconnu solennellement la « responsabilité accablante [de la France] dans un engrenage qui a conduit au pire ». Il s’était abstenu de parler de culpabilité ou de complicité, il n’aura finalement pas fait un pas en plus. « Un juriste impliqué dans les dossiers rwandais écrivait même à Mediapart pour observer que le président de la République, en affirmant que la France n’avait « pas eu la volonté » d’empêcher le génocide alors qu’elle le pouvait et le devait » aurait offert « l’élément intentionnel susceptible de manquer dans certains dossiers judiciaires ouverts sur des soupçons de complicité, même par abstention. » (Mediapart, 09/04/24).