S’il a finalement vendu au prix fort son pôle logistique et maritime Bolloré Africa Logistics (Les Echos, 21/12/2022), l’ombre de Bolloré n’a pas fini de planer sur le continent africain. Alors que, par le biais du groupe Vivendi, la famille Bolloré possède déjà Canal+ (plus grand fournisseur de télévision par satellite en Afrique francophone), elle est en passe de mettre la main sur l’autre grand géant de la télévision payante du continent, MultiChoice, basé à Johannesburg et évalué à 2,7 milliards d’euros ( Afrique XXI, 17/05/2024 ). Le 8 mai, à l’aube du lancement de l’OPA, Canal+ possédait déjà 43,5 % du capital de MultiChoice, et le projet de rachat a réjoui les actionnaires sud-africains du groupe qui l’ont fait savoir dans une circulaire conjointe le 4 juin. L’aboutissement de cette opération entraînerait la naissance d’un « mastodonte capable d’entrer en concurrence avec les plus grosses plateformes de streaming mondiales » (Le Monde, 9/06/2024), et permettrait à Bolloré d’accéder à des dizaines de millions de téléviseurs africains grâce aux 15,7 millions d’abonnés de MultiChoice sur le continent. Un nouveau coup terrible porté à l’indépendance des médias par le milliardaire français, qui répand déjà largement ses idées d’extrême-droite ici comme ailleurs et n’hésite pas à user de son influence pour favoriser certains dirigeants. Comme en décembre 2023 où Canal+ a coupé le signal de trois chaînes critiques à l’égard du président guinéen Mamadi Doumbouya.